mercredi 19 avril 2017

"X-Men" : L'Intégrale 1975-1976 (Panini Comics ; juillet 2002)

Le premier tome de cette intégrale Panini Comics qui est consacrée aux X-Men reprend les premiers numéros de la nouvelle mouture de la série "X-Men", du #94 d'août 1975 au #102 de décembre 1976, en commençant bien sûr par le "Giant-Size X-Men" #1 de mai 1975. Chaque épisode du volume comprend, en moyenne, entre dix-sept à dix-huit planches et le "Giant-Size", trente-six. Ce recueil cartonné comporte donc presque deux cents planches.
La série "X-Men" est lancée en septembre 1963 par Stan Lee et Jack Kirby (1917-1994). Le titre, un échec commercial, est arrêté au #66 de mars 1970. Les #12 (juillet 1965) à 45 (juin 1968) sont néanmoins réédités entre décembre 1970 et avril 1975, sous une nouvelle numérotation allant du #67 (décembre 1970) au 93 (avril 1975). En 1975, Len Wein et Dave Cockrum (1943-2006) relancent "X-Men" avec un groupe presque entièrement renouvelé.
Le "Giant-Size X-Men" est écrit par Wein, qui coécrit les #94 et 95 avec Chris Claremont. Ce dernier produit le #96 avec Bill Mantlo et conçoit le reste en solo. Cockrum dessine tous les numéros. Outre Cockrum, Peter Iro, Bob McLeod, Sam Grainger (1930-1990) et Frank Chiaramonte (1942-1983) participent au travail d'encrage.
Ce premier tome a connu trois éditions en tout. L'intégrale est en cours de réédition. La couverture, réalisée par Cockrum et Gil Kane (1926-2000), est adaptée de celle du "Giant-Size X-Men" #1.

Les habitants de Winzeldorf, un village des Alpes bavaroises, poursuivent une créature aux allures de démon. Il grimpe sur le toit d'une maison, mais finit par être encerclé et capturé. Alors que les villageois ont l'intention de lui planter un pieu dans le cœur, une voix impérieuse leur commande d'arrêter. L'homme, le professeur Charles Xavier, a pris le contrôle des esprits échauffés et propose au diablotin de rejoindre son école pour jeunes surdoués ; celui-ci accepte. Xavier se rend ensuite au Québec, sur un site militaire secret, pour rencontrer Wolverine, nom de code Arme X...

Les X-Men 2.0, c'est parti ! Dès le début, les bases sont posées. Kurt Wagner (Diablo) est presque lynché par une foule haineuse (l'Allemagne et la Bavière ne sont sans doute pas un hasard). Ces mutants-là sont utilisés par les autorités gouvernementales comme arme (Wolverine), considérés comme des divinités (Ororo) - et donc, craints ou vivent seuls, hantés par une cause perdue (John Proudstar, alias Thunderbird). Wein, puis Claremont mettent en scène un groupe où la diversité est la règle (outre des Américains - et un Amérindien, on y trouve un Canadien, un Russe, un Japonais, une Africaine, un Allemand et un Écossais), mais qui n'est que la somme des individus qui la composent ; à part leur condition de mutant, rien ne semble les rapprocher et les relations sont rapidement houleuses. Lorsque l'on compare cette série à d'autres de la même période chez Marvel Comics (les Vengeurs, notamment), la différence de maturité et de profondeur est de taille. Dans "X-Men", les dialogues sont plus intelligents, les caractérisations plus approfondies, et l'ambiance de tragédie est quasiment constante. L'action pure l'emporte encore sur les intrigues et le relationnel ; le titre est donc loin des sommets qu'il va atteindre les années suivantes.
Ces premiers épisodes bénéficient de la présence d'un seul dessinateur ; elles sont graphiquement homogènes. Cockrum a activement participé à la création de plusieurs des personnages (Diablo, Tornade et Colossus). Il soigne son art : ses cases sont souvent détaillées (il y a là quelques scènes-chocs), ses personnages, expressifs, bien que parfois exagérément. Cela et un encrage parfois appuyé donnent une aura sombre à son style réaliste qui est plutôt moderne, en tout cas pour l'époque. Dans l'ensemble, le découpage est classique, mais l'artiste le rend plus dynamique selon les situations.

La traduction a été confiée à Élisabeth Delannoy. Delannoy a été responsable éditoriale chez SEMIC de 1989 à 1999, avant d'être traductrice indépendante pour Panini Comics. Son travail est irréprochable. La relecture a laissé passer une petite coquille.

Ce matériel, bien que loin d'être parfait, est prometteur. Il se distingue des autres séries Marvel Comics de l'époque, plongées dans une léthargie peu inspirée. Ces "X-Men" de 1975, premiers pas d'une saga tragique, portent en eux le renouveau du genre.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Présence07 juillet

    Une jolie présentation de ces épisodes mythiques, en particulier grâce à la contextualisation comme les remarques sur la différence de maturité et de profondeur, la composition multiculturelle de l'équipe (une grande première quand on y repense), et la qualité des dessins de Dave Cockrum. Je l'avais beaucoup apprécié en tant que dessinateur lors de son retour avec le départ de John Byrne.

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    1. Je dois avouer que Cockrum est meilleur que dans mes souvenirs. Sur cette série, j'ai toujours été un inconditionnel de Byrne. Je dois avouer que la différence de propos avec les "Avengers", par exemple, est assez édifiante. C'est même improbable.

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